Jeunes musulman·es de quartiers populaires : construire sa pratique religieuse

Jeanne Demoulin
Christine Bellavoine
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À partir du cas de jeunes musulman.es de quartiers populaires, cet article s’intéresse à la manière dont l’appropriation de la religion participe à de la construction de soi au temps de la jeunesse. Nous montrons comment ces jeunes, en revisitant l’héritage religieux familial, « se mettent à » la religion et formalisent une pratique personnelle.    

« L’islam dans les quartiers » est un sujet très investi, dans les médias mais également dans la recherche publique, par l’intermédiaire d’appels à projets, essentiellement publiés après 2015. L’attention est ainsi portée sur le développement de l’islam dans les quartiers et les processus de radicalisation, au détriment, nous semble-t-il, de la variété des pratiques ordinaires de la religion et de leur place réelle dans les constructions identitaires des jeunes, entre socialisation familiale, émancipation et projections dans l’avenir.

L’enquête Trajectoires et Origines nous permet de clarifier l’importance du fait religieux dans la population française, pour la population dite majoritaire comme pour la population des immigrés et de leurs descendants. Si l‘enquête confirme le processus de sécularisation pour la population majoritaire, la religion joue toujours un rôle important pour les immigrés, et, fait nouveau, ne se dément pas pour leurs descendants. Ainsi, si les résultats obtenus par cette enquête confirment l’observation d’une plus grande religiosité chez les jeunes musulmans de moins de 26 ans, il est noté qu’elle relève d’abord d’une évolution générale : « les jeunes nés en France dans des familles musulmanes ne se montrent pas plus religieux que leurs parents, c’est un glissement général d’affirmation plus grande de la religion qui est observé » (Simon et Tiberj, 2016, p. 580). Par ailleurs, la diversité des cercles amicaux des musulmans invalide l’hypothèse d’une communauté vivant sur elle-même (ibid., p. 576). Enfin, la minorité des musulmans se déclarant plus religieux que leurs parents se rencontrent dans tous les milieux sociaux et ne concernent pas plus ceux habitant dans les quartiers populaires (ibid., p. 572).

[pdf] Idées et Territoires, numéro 4, 2021

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