La recherche au défi de la participation. L’expérience de la recherche « Les quartiers populaires au prisme de la jeunesse »

Marie-Hélène Bacqué
Jeanne Demoulin
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À partir d’une recherche participative portant sur les pratiques et les représentations des jeunes des quartiers populaires, cet article interroge les apports et les limites d’une méthodologie participative du point de vue de la production scientifique. Que fait la participation à la recherche en sciences sociales. Comment vient-elle questionner ses principes méthodologiques et épistémologiques, la construction des savoirs et leur nature ? Dans quelle mesure est-elle de ce point de vue heuristiquement stimulante ?

English

Research and the challenge of participation The experience of the “Working-class neighborhoods through the prism of youth” research

Based on participatory research of the practices and representations of young people in distressed neighborhoods, this article examines the contributions and limitations of a participatory methodology from the point of view of scientific production. What does participation do to social scientific research? How does it question its methodological and epistemological principles, the construction of knowledge and its nature? To what extent is it heuristically stimulating from this point of view?

 

Article publié dans la revue Sociologie,  2022/3 (vol. 13), pages 297 à 315.

Sommaire

  • Pourquoi une recherche participative ? 
  • Sciences en société et rapports à l’action 
  • Enjeux épistémologiques 
  • Recherche participative et émancipation 
  • « Apprendre à voir d’en bas » 
  • Construire des partenariats les moins asymétriques possible 
  • Expérimenter des outils participatifs 
  • Garder le recul critique, hybrider les méthodologies 
  • Construire ensemble : jusqu’à quel point ? 
  • La définition du protocole de recherche 
  • Le temps du terrain 
  • Ouvrir la boîte de l’analyse 
  • L’écriture comme temps d’élaboration analytique : ensemble et séparément 
  • Conclusion 

 

Si elles existent depuis de nombreuses années, les recherches dites participatives, collaboratives, partenariales, action (Bonny, 2017 ; Juan, 2021) connaissent actuellement un regain d’intérêt. Se réclamant de différentes approches, courants et objectifs, elles ont en commun de chercher « à changer le processus habituel de production de connaissances, en y faisant contribuer des personnes ou groupes dont ce n’est habituellement pas le rôle » (Deroubaix & De Conink, 2013). Elles peuvent être initiées par des chercheurs (Le Méner & Oppenchaim, 2013 ; Purenne, 2018) ou par des acteurs de la société civile, qu’il s’agisse d’acteurs nationaux comme des fédérations associatives, d’acteurs locaux (Charleux & Demoulin, 2022), de mouvements sociaux ou de collectifs. À partir de la recherche participative POP-PART portant sur les pratiques et les représentations des jeunes des quartiers populaires, cet article interroge les apports et les limites d’une méthodologie participative.