Lu / Jeunes de quartier : le pouvoir des mots, par le Collectif POP-Part, Marie-Hélène Bacqué et Jeanne Demoulin (eds)

Claire Bénit-Gbaffou

Article sur le livre Jeunes de quartier publié sur le site Urbanités, le 7 janvier 2022.

Ce livre, issu d’une recherche participative entre un groupe de chercheurs pluridisciplinaire (sociologie, histoire, géographie, sciences de l’éducation, urbanisme et architecture), des structures associatives diverses situées dans une dizaine de quartiers populaires de la région parisienne, et d’une centaine de jeunes habitant ces quartiers et fréquentant ces structures, est d’abord un très joli objet.

Un participant

Construit sous la forme d’un abécédaire, qui prend au sérieux les mots du quotidien et fait figurer l’entrée « Kebab » à côté de « Discriminations », fait un sort au « Sport » autant qu’aux « Origines », surgir « Grands/Petits » à côté de la plus classique « Famille », le livre regorge de surprises, ne prenant pas prétexte de la profondeur du propos pour manquer d’humour ou bouder l’accessibilité. Il s’accompagne, réalité augmentée au sens propre, d’éclairantes et brèves capsules vidéo, réalisées par les jeunes, et qui ancrent les récits, débats et analyses qui font le corps du livre dans l’espace diversifié des quartiers populaires qui en sont l’objet. Cet ouvrage réussit le pari difficile de la polyphonie, où l’écho entre les récits, l’entremêlement des modes d’écriture (témoignages, réflexions, débats, analyses, images, fiction, poésie), le kaléidoscope des regards sur chaque objet (chercheurs, éducateurs et jeunes), et le plaisir de débattre semblent une évidence derrière une construction évidemment très réfléchie – dont l’échafaudage mériterait d’ailleurs un second livre, un making off (j’y reviendrai).

Je réfléchirai ici aux deux objectifs centraux du livre, et du projet de recherche (l’ANR POP-Part) dont il est un des aboutissements. Le premier, affiché dans l’introduction, est l’ambition de bousculer les idées reçues sur les « jeunes des quartiers », en donnant la parole aux principaux intéressés, pour une fois. Le second, tout à la fois dans l’air du temps de la « science citoyenne et participative » et original dans la production scientifique française, explicite dans le projet et plus implicite dans le contenu et la facture du livre, est pour le chercheur de tenir le défi « d’écrire avec » les groupes sociaux qu’il étudie, sans perdre en chemin l’ambition scientifique du propos.

 

La suite sur le site Urbanités