Les quartiers

Clichy-sous-Bois

Une ville mal reliée à Paris

Au moment de l’enquête, Clichy-sous-Bois n'est desservie par aucun axe autoroutier ni routier d'importance, ni aucune voie ferrée et reste par conséquent une des villes les plus enclavées de la petite couronne parisienne. Il faut deux heures en transports en commun pour aller au centre de Paris. Mais la mise en place du Tramway, qui a été inauguré fin 2019, et le projet de gare dans le cadre du Grand Paris ouvrent la possibilité de changements.

Une ville populaire, avec une tradition politique de gauche

La ville a longtemps fait partie de la « banlieue rouge » : elle a été administrée par des maires communistes pendant près de 50 ans (1946-1991).

Clichy-sous-Bois a une population de 30 000 habitants, très jeune. Elle compte plus du tiers d’immigrés. Mais les deux tiers de la population sont de nationalité française. Elle est fortement marquée par son bas niveau de vie.

Les jeunes habitent la ville plus que des quartiers

Des opérations de rénovation urbaine, qui se traduisent par des réhabilitations et démolitions après rachat de logements en copropriétés, ont été entreprises à partir de 2004. Alors que ces opérations s’achèvent dans le Haut Clichy, elles commencent juste dans le Bas Clichy au moment de la recherche. Elles imposent de fréquents déménagements aux familles. La succession de quartiers habités par les jeunes et leur transformation bouleversent le rapport des jeunes à ces quartiers : c’est la ville qui fait sens.

Une ville fortement stigmatisée

Clichy-sous-Bois est la ville d’où sont parties les révoltes sociales de 2005, suscitées par la mort des deux jeunes Zyed et Bouna, électrocutés dans un transformateur électrique après une course poursuite avec la police. Elle est souvent devenue pour les médias un exemple de « banlieue » avec la diffusion d’images d’immeubles dégradés, jeunes désœuvrés, voitures brûlées.

Le rôle politique et citoyen d’Aclefeu

L’Association du Collectif Liberté Égalité Fraternité Ensemble Unis (ACLEFEU) a été créée immédiatement après les révoltes sociales de 2005. Elle vise à apporter une alternative politique et sociale aux violences en constituant un espace public politique de régulation.

Ce collectif a mené de nombreuses actions dans ce but. Prenant au mot la devise de la République française, il a notamment réalisé des « cahiers de doléances » en parcourant les quartiers populaires de France. Il a aussi mené des campagnes d’incitation à l’inscription sur les listes électorales auprès des jeunes afin de faire prendre en compte les graves difficultés des habitants de ces quartiers par les pouvoirs publics. Certains de ses membres ont été élus dans des municipalités ou à l’échelon régional. Parallèlement le collectif a développé une action sociale multiforme : aide aux devoirs, organisation de vacances pour les familles, distribution de vivres pendant la pandémie du covid-19 ...

Notre recherche avec les jeunes a révélé leur grand intérêt pour dénoncer et renverser les préjugés que les médias diffusent sur leur ville. Plusieurs se sont montrés motivés pour apporter d’autres représentations. Les vidéos qu’ils ont réalisées expriment à la fois un regard critique sur leur vécu et une prise de distance ironique à l’égard des clichés qui pèsent sur eux.