Les quartiers

Saint Denis : quartier Basilique

Dans le contexte de désindustrialisation et de transformation du monde ouvrier des années 1960, les villes ouvrières de la petite couronne parisienne connaissent des dynamiques sociales hétérogènes : précarisation en partie, mais également ancrage local et social d’une élite ouvrière, installation de classes moyennes [Bacqué et Fol, 1997]. Saint-Denis, ville limitrophe du Nord de Paris, s’inscrit dans ces évolutions. Aujourd’hui, entre la transformation du tissu urbain et social des quartiers Sud de la ville (Plaine et Pleyel), entamée dans les années 2000, et qui se poursuit avec les projets du Grand Paris (Gare Pleyel) et des Jeux Olympiques 2024, et, d’autre part, les quartiers d’habitat social du nord-est de la ville, le centre-ville de Saint-Denis entre alors comme un des quartiers phares du CDT (contrat de développement territorial) répondant à « la priorité de conforter le rôle du centre de Saint-Denis dans l’agglomération ». La requalification du quartier Basilique y figure comme un des projets majeurs et entre à son tour dans le programme de rénovation urbaine (ANRU 2).

Entre quartier de l’enfance, de la vie quotidienne et centralité forte du nord parisien, comment les jeunes s’inscrivent-ils dans leur quartier, dans leur ville ? Comment perçoivent-ils les évolutions à l’œuvre ? Comment se projettent-ils, évoluent-ils et dans quels lieux, telles sont les premières questions qui ont animé le travail mené au cours des ateliers et des capsules vidéo réalisées par les jeunes.

Socio-démographie du quartier Basilique

[Données INSEE, recensement 2017 de la population. Le quartier Basilique représente l’IRIS INSEE 801.]

Le quartier Basilique est un quartier composé de 1536 logements1, dont 95,3% sont occupés en résidences principales, par 3930 habitants. C’est un quartier d’habitat social (70%), dont les logements sont essentiellement familiaux, avec près de 32% de logements de 4 pièces. De ce fait, 51% des ménages sont composés de familles avec enfants et 29,5 % d’entre elles ont au moins 3 enfants. Le pourcentage de familles monoparentales s’élève à 36,5%. 1/3 de la population du quartier a moins de 20 ans. Les ménages appartiennent en majorité (61%) aux catégories socioprofessionnelles ouvrières ou employées, Le taux d’activité est relativement faible (67%) et masque des écarts prononcés entre hommes (73%) et femmes (62%). Si le chômage est au niveau –élevé- de la moyenne communale (23%), le taux de chômage des hommes est particulièrement élevé : 27%, ainsi que celui des jeunes actifs, qui atteint 48,6%. Le taux de pauvreté au seuil de 60% est de 37,7% dans le quartier Basilique.

Vivre dans le quartier Basilique, un quartier d’habitat social « différent » dans une ville de banlieue « différente »

Lors du premier regroupement métropolitain de la centaine de jeunes engagés dans le programme de recherche Pop-part, un premier atelier proposait aux jeunes de chaque ville de trouver 10 indices permettant aux autres groupes de deviner leur ville. Après avoir âprement discuté pour savoir si la Basilique était un indice trop facile, de même que NTM, ou le stade de France, Alicia s’écrit : « mais comment vont faire les autres : on a tout ».

Derrière le trait d’humour, la reconnaissance de la valeur patrimoniale de leur ville n’échappe pas aux jeunes du quartier Basilique, tant du point de vue historique, architectural, sportif, artistique. Habiter le Centre-Ville c’est habiter un espace inscrit dans une histoire ancienne toujours connectée au monde et ce qui lui arrive.

A côté de cette face prestigieuse et internationale de Saint-Denis et du centre-Ville, les jeunes n’oublient pas l’ordinaire de leur quartier « populaire » et le « ça passe !!! » également proposé comme indice, signale aux autres groupes que le centre-ville de Saint-Denis n’échappe pas aux trafics de drogue, à l’instar des autres quartiers populaires.

Les jeunes de Basilique se sentent cependant différents de ceux habitant les cités qui ceinturent le Nord et est de Saint-Denis. Ils se sentent vivre dans un quartier ouvert, par l’importance des commerces et des consommateurs qui l’animent, par la présence du métro, de la gare, qui permettent des mobilités vers Paris et ailleurs.