Les quartiers

Vert-Saint-Denis

Une petite ville pavillonnaire connectée à la métropole 

« J’aime bien la tranquillité qu’il y a dans cette ville. On dit souvent que Vert-Saint-Denis, c’est la campagne mais on a quand même accès à la gare qui est à cinq minutes de chez moi, on a Auchan à côté, on a le Carré Sénart, on a Paris à quarante-cinq minutes, c’est énorme mais c’est pas pour autant qu’on va se décourager si on veut y aller. » [Les citations sont extraites des ateliers collectifs ou des entretiens réalisés avec les 120 jeunes ayant participé au projet Pop-Part entre 2017 et 2021. Elles ont été anonymisées.] 

Vert-Saint-Denis est une petite commune 7490 habitants (INSEE, 2016) située dans la grande couronne parisienne en Seine-et-Marne (77). Elle constitue un exemple typique de tissu périurbain avec pavillons. On y vit majoritairement en maisons avec jardins, dans des quartiers résidentiels qui font la part belle aux espaces de nature (parcs, espaces de transition et cheminements pédestres) en parallèle des voies de circulation routière. Le paysage est agricole et urbain à la fois : les grandes enseignes côtoient les champs cultivés et, au sud, la forêt de Bréviande. C’est une ville où le passé agricole est encore très présent. Jusque dans les années 1960, Vert-Saint-Denis était un petit village agricole, sa population ne dépassait pas les 1000 habitants dans les années 1950. Mais elle a connu une forte croissance à partir des années 1970, avec la construction de zones pavillonnaires en lien avec le développement des transports en commun.

Vert-Saint-Denis est donc à distance de Paris et en même temps bien connectée à la métropole. Le RER D permet d’aller à Châtelet en 1h10 depuis la gare de Cesson quand le bus permet de rallier assez vite d’autres lieux d’activités urbaines comme le centre commercial Carré Sénart ou encore le pôle de Melun et les villes adjacentes. La commune est également bien connectée à la fibre et dotée de tout un ensemble de services et équipements de base (équipements sportifs, espace jeunesse notamment), si bien que, pour les jeunes, vivre à Vert-Saint-Denis, ce n’est pas vivre à la campagne, mais plutôt vivre en ville, proche de la nature. Ils revendiquent fortement leur mode de vie urbain et leur affiliation aux cultures urbaines, même s’ils apprécient aussi le côté « calme et tranquille » de ce cadre de vie et les pratiques sociales singulières qu’il autorise : « se poser » sur une placette de lotissement périurbain ou sur le parc du Cheval à côté du collège, aller faire du sport en forêt etc. Si la ville est majoritairement composée de maisons, elle se transforme aujourd’hui, avec la réalisation d’aménagements urbains, tels que la ZAC du Balory, dans l’idée de diversifier le parc de logements pour accueillir des populations nouvelles.

Faire ancrage et « s’élever » à Vert-Saint-Denis

A Vert-Saint-Denis, on s’y installe et on y fait ancrage. Une grande partie des ménages vivent dans leur logement depuis longtemps : 58,5% des ménages habitent leur logement depuis plus de dix ans dont 22,7% depuis plus de trente ans (INSEE, 2018). On y arrive souvent à l’issue d’une trajectoire résidentielle qui débute dans des quartiers populaires, souvent dans le logement social de l’agglomération parisienne proche (dans le 91 et le 93 notamment), puis s’en éloigne dans le but de quitter les « quartiers qui craignent ». « Je suis née à Blanc-Mesnil, je suis restée là-bas jusqu’à mes six ans, mes parents ont voulu partir parce que c’est un quartier qui ne leur plaisait pas, ils voulaient quelque chose de calme, vu que ça craignait un peu ils voulaient partir vite […] Passer du 93 à Vert-Saint-Denis, moi je ne m’en rendais pas compte parce que j’étais encore petite, mais apparemment ça a fait un choc. » S’installer à Vert-Saint-Denis permet, pour les catégories populaires, de réaliser un projet de promotion sociale : vivre en maison et accéder à la propriété. « Mes parents sont nés en Algérie. Ils se sont installés dans le 93, à Rosny-Sous-Bois, où je suis né. […] Ils craignaient pour notre environnement éducatif. Et ils voulaient acheter une maison à Vert-Saint-Denis, parce qu’acheter une maison, ou un appartement en région parisienne, proche de Paris, c’est … c’est pas abordable, c’est très cher. Et Vert-Saint-Denis, du coup, ça nous permettait d’accéder à la… propriété. Et Vert-Saint-Denis, c’est une ville agréable, et calme. Y’a un beau cadre de vie » explique un jeune.

Vert-Saint-Denis - graff

Vert-Saint-Denis - graff

La ville est habitée en majorité par des ménages des petites classes moyennes. Certains quartiers y sont toutefois plus aisés, notamment au nord-ouest et d’autres sont plus modestes comme la Ramonerie au sud, qui est composé de logements sociaux et a été quartier politique de la ville (QPV). Les indicateurs socio-démographiques montrent que les verdionysiens sont moins nombreux à accéder aux études supérieures qu’en Île-de-France mais plus nombreux que dans le département (respectivement 31,4%, 40,4% et 28,6% 2018). Ils sont néanmoins plus nombreux à obtenir un CAP ou BEP et un baccalauréat. La part des familles monoparentales y augmente sensiblement ces dernières années (14,6 % des ménages en 2015 contre 9,4% en 2010). Le nombre d’immigrés est en légère hausse depuis 2009 puis se stabilise jusqu’en 2014 où il augmente plus fortement. Dans l’ensemble, la population est caractérisée par une très grande diversité culturelle. Beaucoup de jeunes évoluent dans des familles aux appartenances et identités multiples : franco- espagnol, ménages franco-marocain, franco-algérien, franco-sénégalais.

Depuis 1971, Vert-Saint-Denis est une ville de gauche avec une succession de maires PS, sauf entre 1995 et 2001 où elle passe à droite (Maire RPR). Le Maire actuel, Eric Bareille (PS), est élu en 2014, au deuxième tour, avec 41,23% des voix face à une opposition de droite divisée ; il est réélu en 2020 avec 43, 34 % des voix. Les enjeux politiques actuels sont essentiellement tournés vers la question de la densification de l’habitat pour permettre notamment aux jeunes actifs et aux séniors de rester dans la commune, contre l’opposition qui défend un modèle de développement restreint sur le modèle du « village d’Astérix ».