Les mots

Médias

Le sarcasme des médias

Birtialine Mathieu
19 ans - Pantin

« Quand il y a un événement, il y a quelque chose qui a fait que c’est arrivé. Mais les médias n’en parlent pas. »

Pour m’informer, je fais une comparaison entre télévision, journaux et médias sur internet. Mais tous les médias, télévisés ou écrits, parlent pratiquement de la même chose de la même manière. Il n’y a pas longtemps, aux Lilas, il y a eu une émeute, ou une rixe. Plusieurs médias en ont parlé, mais tous de la même manière. Je n’ai pas eu l’impression qu’ils avaient cherché le pourquoi, le comment. Pourquoi il y a eu cet événement ? Comment ça a démarré ? Ils ne cherchent pas à aller plus loin puisque c’est des jeunes des quartiers, c’est des jeunes du 93, c’est normal. Alors que Les Lilas, ce n’est tout de même pas un quartier sous tension. Moi, je vis dans le 93. Nous qui vivons dans le 93 on se sent tout de suite visés. Même si on n’est pas dans l’histoire, on se sent visé. Ça, c’est un truc vraiment stigmatisant. Sur cette rixe, c’est comme d’habitude, les médias ne cherchent pas à savoir pourquoi.

 

Pourquoi il y a eu cet événement ? Comment ça a démarré ? Ils ne cherchent pas à aller plus loin puisque c’est des jeunes des quartiers, c’est des jeunes du 93, c’est normal…

Quand il y a un événement, il y a quelque chose qui a fait que c’est arrivé. Mais les médias n’en parlent pas. Ils te mettent juste une étiquette. L’étiquette du « jeune du 93 ». Quand je m’informe, je ne fais d’abord pas attention à la source. Je regarde directement le contenu. Je veux savoir comment ça a débuté. Il y a eu une émeute, une bagarre, d’accord, mais comment ? Pourquoi ? J’ai beau chercher, c’est toujours le même contenu mais avec un titre différent. Plus de moyens sont mis dans le résumé, dans l’image, dans tout ce qui est visuel, dans le sensationnel mais pas dans le contenu. Il se passe rarement des trucs de ouf dans le 93. Sur internet, quand on lit les articles, on le voit bien. Le problème, c’est que les lecteurs vont rarement aller au-delà du titre et des images. Il suffit juste qu’il y ait « bagarre dans le 93 », ils ne vont pas chercher à comprendre, ils vont se dire « bah oui c’est le 93 ». Ça a toujours été comme ça, un titre accrocheur, quelque chose qui donne envie. C’est ça leur truc, c’est leur business.

Alors, j’utilise davantage les réseaux sociaux. Les médias racontent ce qu’ils veulent, alors que sur les réseaux, on peut avoir l’avis de tout le monde, des témoignages, une information différente. Quand il y a des événements comme ça, comme la rixe, on trouve toujours sur les réseaux des commentaires qui expliquent comment ça s’est passé, pourquoi ça s’est passé. Tout le monde n’est pas d’accord, mais au moins, on essaye de comprendre pourquoi ce qui est arrivé est arrivé.