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WhatsApp & autres

Les réseaux sociaux, je trouve ça impersonnel

Abdoulaye Diarra
Développeur LepoleS - Villeneuve-la-Garenne

« Ce que je n’aime pas dans les réseaux sociaux, c’est que c’est dans l’émotif en fait, ça ne joue qu’avec les émotions. »««

Je m’informe beaucoup par internet, – beaucoup internet, très peu les journaux papier – je ne vais jamais acheter un journal. Je regarde plutôt les sites de presse que les réseaux sociaux. Sur les réseaux sociaux, c’est difficile de remonter l’origine d’un truc si tu ne l’as pas déjà vu avant. Ce matin, je regardais une vidéo sur mon Facebook. C’était une vidéo qui présentait une jeune fille qui s’était fait tirer dessus par des militaires israéliens alors qu’elle sortait de l’école. Mais au début, je vois le titre, je vois l’image avec la petite, ça fait tilt dans ma tête. Après je regarde la vidéo et je m’aperçois qu’en fait cette vidéo, je l’avais déjà vue, parce que dans un des groupes que je suis – c’est un groupe qui s’appelle : « Je soutiens la cause palestinienne » – ils avaient déjà posté cette vidéo. Et en fait, dès que j’ai vu le début, j’ai pu m’en souvenir. La vidéo, ce sont des étudiants d’une école de théâtre en Palestine, qui en fait ont monté un spectacle, mais un spectacle en pleine rue, et il y avait une des scènes où la jeune femme simulait une altercation avec un soldat devant la foule qui arrive. Il panique, il tire, la petite tombe… mais c’était fictif. C’était fictif, alors que sur la publication que j’avais, je lisais les commentaires et c’était : « putain », « rats », « crevures, qu’ils crèvent »… Moi, je leur dis : « Les gars, ça, c’est un fake, ce n’est pas du tout vrai, c’est des étudiants d’une école de théâtre ». Et je leur mets le lien vers la vidéo originale, parce que la vidéo originale, elle est bien. À la fin, tu vois la morte qui se relève, c’est surtout ça que moi je voulais qu’ils voient… À partir de là on entre dans un débat où je leur dis : « Eh, les gars, Facebook, ce n’est pas une bonne source d’informations, il n’y a pas d’infos sur Facebook, il y a tout et n’importe quoi… » Je leur dis : « privilégiez vraiment si vous voulez vous tenir au courant de ce qui se passe en Palestine, les journaux palestiniens traduits en français, et allez directement vous informer dessus ».

WhatsApp et Snapchat - Ne laisse pas internet te tromper

WhatsApp et Snapchat - Ne laisse pas internet te tromper

Message partagé par une jeune de Paris 18e sur son compte Snapchat.

Ce que je n’aime pas dans les réseaux sociaux, c’est que c’est dans l’émotif en fait, ça ne joue qu’avec les émotions. Les images, tu peux les interpréter dans les trucs de presse. Tout ce qui est sur Facebook, en général, je ne clique même pas, franchement je ne clique même pas parce que ça va me prendre trop de clics pour arriver à l’article original. En général, ce sont des mecs qui te coupent une séquence de 30 secondes, qui te la mettent parce qu’ils ont vu qu’il y a plein de likes, qu’il y a des gens qui likent sa page, que comme ça, lui, il monte. C’est pour ça que moi, je suis très très peu réseaux sociaux, avant d’arriver au PôleS, je n’avais aucun réseau social. C’est pour mon travail que j’ai créé un compte Facebook.


J’aime bien parler avec de vrais humains, parce que sur internet, tout le monde est caché derrière son écran, et finalement tu ne sais jamais à qui tu as affaire, si le mec qui te dit ça, il le pense vraiment, si au contraire, il veut t’amener à dire quelque chose, pour ensuite faire un copié-collé de votre conversation. À travers les réseaux sociaux, tu en dis beaucoup sur toi, et à tout le monde. Quelquefois dans le bus, il y a des groupes de trois-quatre copines et tout le monde est devant son téléphone. Je trouve que ça met de la distance, les gens ne se parlent même plus, ils ne communiquent même plus. En fait, ils communiquent trop et tu sais, quand tu vois la personne en face de toi, tu veux lui demander comment s’est passée sa journée, ce qu’il a fait. En fait, tu la connais déjà sa journée, il t’a envoyé des snaps.