Une dimension qui est à relever, qui n’est pas toujours clairement exprimée, conscientisée, c’est celle d’une forme d’autocensure face à la culture légitime. Ce cheminement est presque inconscient ; ils formulent le fait que ce n’est pas pour eux mais aussi que cela ne leur parle pas. À Villeneuve-la-Garenne, lorsque j’ai évoqué aux jeunes mes études de cinéma, ils ont été surpris. Ils se sont demandé comment je faisais pour me rendre au musée, au théâtre ; il y avait également l’idée chez eux que cela nécessitait d’avoir financièrement les moyens. Je leur ai rappelé que de nombreux musées étaient gratuits le premier dimanche du mois. Même au sein de ma propre famille, mes neveux me disent que ce n’est pas pour eux ; leurs références sont le rap, le foot. Un autre épisode marquant a été la réaction de jeunes et moins jeunes à Vitry-sur-Seine à l’occasion d’une session de formation ; il était question de programmer une sortie culturelle et personne n’a suggéré le musée d’art contemporain à proximité. Aucun n’a proposé en effet le Mac Val et tous m’ont dit ne jamais y être entrés, le considérant fait pour des bobos.