Canaliser et réduire la violence par un engagement associatif
Culture et Loisirs pour Tous (CLT), l'association qui intervient sur les questions de violence.
L’association CLT (Culture et Loisirs pour Tous) a été créée par un groupe de jeunes qui ont participé à la recherche.
Culture et Loisirs pour Tous (CLT) est une association bien placée pour intervenir sur les questions de violence. Les membres fondateurs de l’association, dont nous faisons partie, ont une expertise en la matière ; nous étions nous-mêmes, il y a quelques années de cela, confrontés aux mêmes situations de violence que nous cherchons aujourd’hui à combattre. Cette expérience, qui est associée à une maturité, car nous avons tous grandi et avons su prendre du recul, nous place aujourd’hui dans une position privilégiée pour comprendre les mécanismes de construction et d’interruption de la violence. Nous connaissons également bien l’importance d’une violence qui, dans un secteur géographique comme les Tarterêts, a des répercussions multiples sur la vie des jeunes. La violence influence bien évidemment la scolarité. Certains jeunes s’impliquent fortement dans la violence au détriment de leur scolarité, d’autres, bien plus nombreux, sont fortement perturbés sur le plan scolaire lorsqu’ils en sont de simples témoins. Les conséquences de la violence ne sont pas limitées à la sphère scolaire. Certains dispositifs créés pour venir en aide aux jeunes sur le plan de l’insertion ne parviennent pas à mobiliser leur public cible, à cause des problèmes liés aux affrontements entre jeunes. Certains n’osent plus circuler librement, et vont même jusqu’à renoncer à tous leurs déplacements, y compris pour des actes du quotidien, liés aux loisirs, au shopping…
Lorsqu’on prend le temps d’analyser nos points forts, il nous paraît important de ne pas tout mettre sur le compte de notre passé. Pour intervenir dans des situations de violence, il est nécessaire d’avoir une bonne connaissance des acteurs qui se trouvent au cœur de la violence, à savoir les générations les plus jeunes. Pour dialoguer avec ces jeunes générations, il faut être perçu comme quelqu’un de fiable et légitime. Il est vital de ne pas instrumentaliser les jeunes, mais au contraire de chercher à nouer des liens forts et positifs avec eux. Cela implique une présence régulière auprès des jeunes, car pour eux l’ennui et la violence vont souvent de pair. Il faut investir les espaces fréquentés par les jeunes, aux heures où ils sont nombreux, y compris la nuit. Il est également important de partager des expériences communes avec eux, ce que nous faisons à travers nos activités associatives. L’association CLT est en effet très portée sur l’accès aux loisirs et les projets menés avec les jeunes. Nous réalisons souvent des chantiers éducatifs en partenariat avec des bailleurs sociaux. Ces chantiers permettent de renforcer les liens entre les jeunes et les autres habitants. Nous avons également pu mettre en place des chantiers spécifiques pour apaiser des tensions entre jeunes et gardiens d’immeuble. Il nous paraît intéressant de permettre de telles rencontres sur des chantiers qui durent le plus souvent une semaine ; notre stratégie est alors aux antipodes des réponses classiques apportées par les bailleurs, qui font par exemple le choix de recruter des maîtres-chiens lorsqu’ils sont confrontés à des problèmes avec des jeunes.
Nos efforts pour canaliser et réduire la violence n’ont pas de sens s’ils ne s’inscrivent pas dans le temps. À l’heure actuelle, notre association n’est pas professionnalisée, et nous avons souvent des doubles journées de travail. Les membres-cadres de l’association CLT se consacrent en effet aux actions de l’association une fois leur journée de travail terminée. Il serait donc intéressant de professionnaliser certains des membres de l’association afin qu’ils accordent toute leur énergie aux questions de violence.