Les mots

Discrimination

Un Blanc et un Noir

Ahmed Bouali
24 ans, Vert-Saint-Denis

Témoignage d'un moment d'injustice

Samedi 14 h, je suis avec deux amis Wilfried et Louis, posés au centre-ville de Vert-Saint-Denis. Louis nous demande de l’accompagner au centre commercial. On y va à trois. Arrivés là-bas, on se sépare. Pendant que je vais à Apple, ils vont à Carrefour pour acheter quelque chose à manger. Trente minutes plus tard, je reçois un appel de Wilfried : il m’informe qu’ils sont au PC sécurité, un jeu vidéo a été volé, la police va arriver.

Le lendemain, ils me racontent ce qu’il s’est passé :

Wilfried : Quand la police est arrivée, ils m’ont menotté, pas Louis. Une fois au poste de police ils m’ont dit « C’est toi qui as incité ton ami à voler, hein, on le sait ! ».

Louis : Moi c’était pas du tout comme ça, ils ont été cool avec moi. Ils m’ont demandé pourquoi j’avais fait ça, ils m’ont fait la morale, tranquille. Je suis rentré chez moi.

Pour moi c’est très clair : il y a un Blanc et un Noir. Dès le début, il y a eu une différence de traitement qui s’est instaurée. L’un est menotté (le Noir), l’autre non (le Blanc). Et au commissariat, ils n’ont pas eu le même interrogatoire : l’un a reçu une leçon de morale, l’autre une accusation verbale. D’un côté, pour le Blanc, on lui demande pourquoi il a fait ça, les policiers sont dans la compassion, la bienveillance, et cherchent à comprendre son acte. De l’autre côté, pour le Noir, c’est pas du tout le même discours : il est coupable d’office. Pour moi c’est comme si les policiers avaient traité Louis comme leur fils ou leur neveu.