C’est un thème qui dérange, c’est sûr, mais les violences policières, c’est vraiment un truc qui me tient à cœur. En 1983, déjà, des jeunes ont marché de Marseille jusqu’à Paris pour dire stop, on n’en veut plus des violences policières, parce que ça faisait des années déjà qu’ils les subissaient. Le jeune des Minguettes, grièvement blessé au cours de l’été 1983, c’était la fois de trop ! En 1991, presque dix ans plus tard, à Vaulx-en-Velin, c’est un autre jeune qui est percuté par la police. Et tout au long des années 1990, la police a continué à buter des gens… Des gens se sont pris des balles dans le dos. En 2005, deux gamins morts de peur meurent pour de vrai dans un transformateur à Clichy-sous-Bois et en 2016, c’est au tour d’Adama Traoré… Jamais ça ne s’est arrêté… Et ce ne sont pas des trucs où il y a un doute ! La police est clairement en tort, mais il ne se passe rien. Toujours, la police est en état de légitime défense. Il faut qu’on m’explique ça ! Depuis les années 1980, la police nous matraque, la police nous bute sans passer par quatre mille chemins. Ils n’ont pas d’état d’âme : ils dégainent, ils tirent. Dans nos quartiers, quand la police vient arrêter un délinquant, il n’y a jamais une association qui va dire à la police de ne pas l’appréhender. Mais quand un policier met une balle derrière la tête d’une personne ou que d’autres poursuivent des jeunes qui vont se réfugier dans un transformateur EDF et que leur hiérarchie n’est pas capable de dire : « stop, il faut tout couper », je suis désolé, mais il y a comme un problème… Ce sont des pommes pourries et il faut les enlever des pommiers. Vous croyez que c’est normal que dans nos quartiers, les gens, même quand ils n’ont rien fait, ils aient peur de la police ? Vous croyez que c’est normal ?