Les mots

Confinement

On y va, on avance

Thibaut Noël
23 ans, Pantin

« C’était naturel pour certains d’aider, parce que ça touchait ceux avec qui on a grandi. »

À Pantin, on a créé un collectif « Solid-19 Pantin », qui réunit des associations et des militants de la ville et d’ailleurs, pour soutenir les habitants de Pantin face à la crise. On sait que ce sont les classes populaires qui sont touchées, que ce sont les miens qui vont être touchés en fait. Il y a un côté instinctif qui ressort très vite. C’était naturel pour certains d’aider, parce que ça touchait ceux avec qui on a grandi. Il y a eu une série de décès dans mon quartier et dans le collectif : ça te touche. La valeur qu’on porte qui est assez transversale c’est de se dire qu’on est dans un même bateau et qu’il est en train de couler ; ça fait 30 ans qu’il chavire, là il coule. On partage ce sentiment-là, celui de se dire qu’on va tout faire pour ne pas qu’il coule, et c’est maintenant qu’il faut agir. L’action qu’on mène peut consolider une direction dans laquelle on ne peut pas aller qui serait de dire que c’est au privé de prendre ça en charge. Nous on aimerait que ce soit la mairie qui fasse ce qu’on fait, mais ce n’est pas le cas. On a vu que la résilience s’est surtout faite en dehors des institutions : les associations auto-organisées ont été plus réactives que les pouvoirs publics. La lenteur administrative a été très forte et au bout d’un moment, devant la réussite et l’ampleur de nos actions, les élus ont été davantage présents, mais plus pour nous contrôler, pour récupérer ce que l’on faisait. Je n’ai pas l’impression qu’on réussira à renverser la vapeur, mais il y a eu des avancées. On a tenu certains de nos maîtres en respect, des élus, des institutions. Notre mentalité c’est de se dire qu’on y va par nous-mêmes : même si ça doit passer par le système D, même si ça doit passer par de la galère, on y va, on avance.