Les mots

Études

De multiples contraintes

Chaïma
21 ans, Corbeil-Essonnes

Une jeune retrace le parcours de ses études.

À la base, je voulais faire un bac S pour ensuite faire des études en tant qu’infirmière, ou pour devenir pédiatre. Mais, on m’a dit que je n’avais pas les « qualifications » pour ça. Les professeurs me disaient que ça allait être compliqué. Ils m’ont conseillé le bac Sanitaire et social STI2S. Mais c’était dans un autre lycée. Je ne voulais pas quitter mon quartier, et donc je suis restée dans mon lycée, en STMG. Après mon baccalauréat, je suis entrée en L1 AES (Administration Économique et Sociale) dans la fac d’à côté. C’était aussi sur les conseils d’une professeure qui nous disait : « allez en AES, les autres filières c’est pas pour vous… ». Je pense que les profs ne croyaient pas en nous et nous incitaient à prendre le choix le plus facile. Mais, en fait, pour moi, cette filière, AES, c’était une filière pour tous ceux qui avaient des mauvaises notes ou qui n’étaient pas bien vus à l’école.

Je porte le voile. Je suis la seule de ma famille à le porter. Je devais l’enlever au lycée et je ne me sentais pas à l’aise. Me dire de l’enlever, c’est comme si on me disait de renier mon identité et d’être une autre personne. Dans l’idée, j’aurais bien voulu faire un BTS après mon bac, mais ça voulait dire rester au lycée et donc continuer à devoir enlever mon voile. Donc je me suis dit : « autant me tourner vers la fac ». Là-bas, j’ai bien aimé qu’on nous prenne pour des adultes, mais je me sentais quand même trop lâchée dans la nature.

J’ai décidé d’arrêter les études. Il fallait que j’aide financièrement à la maison car ma mère était malade. Les études ça coûte cher, même avec la bourse. Je voulais faire une année sabbatique pour vraiment savoir ce que je voulais faire. J’ai fait quelques missions d’intérim dans la logistique et après j’ai vu que ce n’était pas forcément le domaine dans lequel je voulais travailler. Moi, c’était plutôt les enfants qui m’intéressaient, donc je suis partie à la mission locale.

J’ai 21 ans. Dans cinq ans, je me vois bien dans un pays étranger, peut-être l’Angleterre ou Dubaï ou autre part. Un pays où les gens seraient plus ouverts d’esprit et moins dans le rejet des autres, notamment des étrangers. Je voudrais travailler, avoir ma famille. Je serai sûrement mariée avec des enfants…