Se mobiliser au lycée…
L'expérience de la mobilisation vue par un jeune, entre espoirs et déceptions.
Depuis le collège, j’ai souvent participé à des manifestations et lors de l’annonce du maintien de Parcoursup (en 2018) sans aucun changement, ou très légers en tout cas, et de la réforme du bac, il y a eu d’assez nombreuses grèves qui ont commencé de la part des professeurs. Donc il y avait quelques heures qui sautaient çà et là, jusqu’au moment où on a eu une grève générale reconductible tous ensemble qui nous a fait prendre conscience que, s’ils se mettaient en grève, c’était surtout pour nous. Nous, les lycéens, on a commencé à bloquer le lycée ; on a organisé des blocus début décembre après le fameux acte III des Gilets jaunes où Emmanuel Macron se trouvait en Amérique latine et où il y a eu énormément de heurts. Donc c’est un peu à ce moment-là que ça nous a fait prendre conscience qu’il y avait un mouvement social qui était énorme en France. En tant que lycéen·nes, on s’est dit qu’on ne pouvait pas laisser passer ça… On a commencé à bloquer le lycée. Étant donné qu’on ne savait pas du tout comment bloquer un lycée, ça n’a pas bien marché les premiers jours… ni les suivants, jusqu’au moment où on a essayé de réunir une assemblée générale. C’était difficile, bruyant, pas toujours facile ; il y a eu des prises de paroles plus ou moins… utiles. Mais on a quand même réussi à voter des jours de blocage, on a réussi à faire quelques points d’informations sur Parcoursup, sur la réforme du bac avec des chiffres concrets. On a réussi à faire partir un communiqué de presse dans Libération. On est également parti en manifestation. Et c’est là qu’il y a un peu le point noir… C’est que, à partir du moment où on a proposé à nos camarades de quitter l’environnement du lycée pour aller manifester au rectorat, on proposait vraiment de sortir de la zone de confort, de sortir du lieu, etc. Et là on a drainé beaucoup, beaucoup moins de monde. Pour le blocage, on était environ, dans les meilleurs jours, 150 à 50 autour du lycée. Pour la manifestation, en tant qu’élèves, on a eu un maximum de… 15 personnes, donc on a très clairement un manque d’habitude et un manque de… peut-être d’envie, je ne sais pas très bien, pour partir en manifestation. Il faut ajouter que les manifestations sont extrêmement connotées politiquement et que je me souviens lors de l’assemblée générale, dès qu’on avait commencé à aborder le fait politique, des voix s’étaient élevées dans la salle pour dire que cette assemblée devait rester absolument apolitique, ce qui moi m’avait plutôt beaucoup dérangé. Avec le recul, je comprends mieux ce désir de rester « sans étiquette », sans parti, sans engagement. C’est vrai que les partis politiques sont vus comme des appareils de récupération des jeunes, parce qu’ils ont besoin de nous pour continuer à exister, et on a un peu cette seule vision qui nous est présentée. Mais en réalité, quand on s’intéresse un peu à l’histoire des institutions sociales, des partis de gauche, de la CGT, des syndicats, bref de la gauche en général, on voit qu’il y a eu des actions concrètes et bénéfiques pour les classes défavorisées. Donc je me dis que cette défiance est due un peu à ces deux choses, un manque de culture sur la politique, qui mène à une crainte, et une… perversion ? Des institutions de gauche en général qui cherchent plus à survivre en recrutant des jeunes qu’à vraiment vouloir le bien du peuple.