Les mots

Banlieue / Paris

Je ne rabaisse pas ma banlieue par rapport à Paris

Ahmad Zeidan
20 ans, Pantin

« Ce n’est pas parce que, demain, je serai ingénieur, que j’oublierai ce que j’ai vécu quand j’étais jeune. »

On n’oublie pas d’où on vient, comme on dit. Ce n’est pas parce que, demain, je serai ingénieur, que j’oublierai ce que j’ai vécu quand j’étais jeune. Loin de là. Jamais, je n’aurai la grosse tête. Jamais. Toujours humble. C’est-à-dire que si demain — je l’espère — je suis un grand cadre, je n’oublierai jamais. Si demain, j’ai l’occasion de m’acheter un appartement haussmannien, je ne le ferai pas. Je resterai dans ma banlieue. Je ne rabaisse pas ma banlieue par rapport à Paris. Pantin, pour moi, c’est Paris… Je vois même Pantin meilleur que Paris. Donc je ne vois pas pourquoi j’irais acheter autre part. Si je peux acheter, j’achèterai à Pantin, c’est sûr. Peut-être pas une banlieue à côté, parce que ça ferait mal au cœur, j’ai quand même grandi ici ! Si je peux acheter à Pantin, j’achèterai à Pantin. […] Après si Pantin prend la grosse tête, je serai obligé de partir. Si Pantin devient Paris et si Pantin prend la grosse tête sur les prix, je serai obligé d’aller ailleurs, c’est sûr. Ce serait dommage… C’est juste pour dire que je ne rabaisse pas la banlieue. Clairement pas. Enfin, c’est une ville quoi : c’est du béton, des arbres, comme à Paris, sauf qu’à Paris c’est dix fois plus cher.