Les mots

Banlieue / Paris

À Paname, les gens, ils font leur vie

Riseleine
23 ans, Clichy-sous-Bois

Une jeune souligne la liberté qui règne à Paris, en contraste avec sa ville où elle ne peut pas faire ce qu'elle veut.

À Paname, les gens, ils font leur vie : ils ne vont pas regarder à droite, à gauche. Ils font ce qu’ils ont à faire. Ce qui est bien à Paris, c’est que tu peux te poser à une terrasse, un café mixte et il n’y a pas les gens qui vont dire « oh, il y a une fille nanana ». Faites ça à Clichy, vous allez voir tous les regards que vous allez avoir sur vous. Franchement, à Paris, il y a plus de libertés vis-à-vis de la mixité et il n’y a pas le regard des gens sur vous. Déjà se poser dans un café filles-garçons, se poser avec son keumé ou avec des potes ou même se poser avec son petit ami — il est noir — non ! La fille qui le fait ici — pourtant les garçons sont mélangés, il y a des Africains, des Asiatiques, des Maghrébins — si la sœur d’un rebeu sort avec un renoi, ça ne va pas le faire… Pourtant son frère, il a des amis renois ! Ici, ça va parler. Ça va beaucoup parler. Après, moi, je m’en fiche, ça ne m’atteint pas ce que les gens disent, mais vraiment pas… À Paris, une fille toute seule, elle a une pause de travail, une demi-heure, elle se pose là-bas et tout, une petite cigarette à la main. Sortir sur Clichy, ça dépend où. De toute façon, il n’y a pas d’endroit où sortir. S’il y avait un beau café, un Starbucks, moi, j’irais sans problème, un beau Starbucks bien placé et tout. Franchement ce serait bien ! Mais non : on n’a que des cafés rebeus ou turcs. Ça ne donne même pas envie d’y aller : tu vois tous les papas ! Ce n’est pas la peine.